Il y a quelques années Mike Massy, un jeune markerspace de Milwaukee, a hérité d’un objet familial très précieux. Il s’agissait d’un violon sur lequel la signature Stradivarius était gravée.
En réalité, il s’agissait d’un violon quelconque fabriqué il y a plus d’un siècle et dont personne ne pouvait décrire la sonorité. Car depuis 80 ans, le manche et la caisse avaient été accidentellement séparés par la rupture du talon. Pourtant, l’attachement de la famille de Mike à cet objet était profond. En effet, ce violon était dans les valises de ses aïeuls quand ceux-ci quittèrent la France pour émigrer aux États-Unis.
Le délabrement de cet héritage dérangeait Mike. En raison de sa propre activité de réparateur d’objets usuels et rares, il avait du mal à accepter de laisser ce violon dans cet état. Il hésitait entre le faire réparer entièrement afin de lui restituer sa fonction initiale et le restaurer sommairement pour le transformer en objet décoratif. Néanmoins, il n’arrivait pas à se faire à l’idée qu’il faudrait obligatoirement utiliser des pièces de rechange de notre époque.
Un jour en visitant le musée de la ville il observa la reconstitution du fémur d’un gigantesque T-Rex. Cet os en résine blanche, fabriqué avec une imprimante 3D, tranchait avec la couleur générale du squelette millénaire sans pour autant perturber les visiteurs. Cette idée lui parut géniale, car cette « pièce de rechange » remplissait parfaitement son rôle sans pour autant laisser croire qu’il s’agissait d’un os d’origine. C’est alors qu’il se rappela avoir lu quelque part qu’un groupe d’étudiants hollandais avaient restauré des meubles anciens en remplaçant certaines parties manquantes par des pièces identiques, mais en plastique vert citron.
Ces deux exemples lui confirmaient qu’il était convenable d’introduire des pièces récentes sur un objet ancien, si la forme respectait les lignes d’origine et si la couleur les distinguait des pièces historiques.
Ni une ni deux, il opta pour ce type de solution ! Il mesura et fabriqua lui-même les modèles des pièces qui lui faisaient défaut puis il les scanna avant de les produire avec son imprimante 3D. Finalement, il demanda à l’un de ses collègues plus aguerris d’assembler les pièces. Le résultat fut à la hauteur de ses attentes. Depuis ce jour, le violon si cher aux yeux de la famille Massy trône fièrement sur le mur du salon de Mike. L’ensemble à une couleur bois patiné alors que le talon qui unit le manche et la caisse est en plastique blanc :